Facéties syntaxiques

Hardcore Henry (ou la cinétose pour les nuls)

15 Juillet 2016 , Rédigé par Fx Publié dans #Long mêtre âge.

Hardcore Henry est un film d'action russo-américain de Ilya Nailshuller tourné uniquement en vue subjective au moyen d'une caméra Gopro. Sorti en 2015 il est très largement inspiré des jeux vidéo et des FPS en particulier (le réalisateur a avoué vouloir rendre hommage à la série des Half-Life).

Tu te souviens ?

Tu te souviens ?

Le film raconte l'histoire d'Henry, un homme amnésique et muet, contraint de se battre contre Akan, un mégalo grandiloquent affublé de pouvoirs télékinétiques, qui désire créer sa propre armée de cyber-soldats (et dominer le monde patati patata).

Après avoir été charcuté pendant un générique d'intro rougeâtre et rock and roll, Henry se réveille dans une espèce de salle d'opération aux côtés d'Estelle qui lui greffe un bras et une jambe aussi facilement qu'on découpe du jambon. L'opération terminée, elle lui remet une alliance et lui fait comprendre qu'elle est sa femme. Admettons.

On est d'accord, l'histoire n'est pas le point fort du film, flirte même avec la série Z à des moments et, dans l'absolu, on s'en tape l'oreille droite avec un parasol si vous me permettez l'expression.

Au vu des critiques que j'ai pu glaner ici ou là avant de voir le film, beaucoup disent qu'ils ont eu du mal avec la vue (sans parler d'avoir la gerbe). Me concernant, et jouant beaucoup à des FPS, j'étais confiant. Sauf que...

Tu aimes ton nouveau corps ?

Tu aimes ton nouveau corps ?

Sauf que la différence entre contrôler un personnage en vue subjective et voir se dérouler une intrigue en vue subjective n'est pas la même chose. Je dois bien l'avouer ça ne m'avait pas sauté aux yeux et pendant le premier quart d'heure mon cerveau et moi-même avons lutté pour savoir où on était. C'était simple pourtant, nous sommes l'acteur et passé ce petit moment l'immersion est totale, le fait de contrôler en moins.

Si vous deviez voir Hardcore Henry en tant qu'oeuvre vidéoludique je dirais que vous seriez dans une campagne solo linéaire au possible où vous contrôleriez un homme amnésique et muet partant sauver sa femme et tuer le méchant.  Vous seriez amené à parcourir Moscou et ses alentours à moitié à poil. Les rues, une maison close, une forêt etc. Un arsenal varié serait à votre disposition allant de la simple pince coupante au pistolet en passant par la gatling ou encore un lance grenade.  Vous auriez aussi l'aide de Jimmy qui vous donnerait du matériel et vos objectifs, le tout jusqu'au combat final contre le méchant. Générique de fin. Point.

Si vous deviez voir Hardcore Henry en tant qu'oeuvre cinématographique, vous seriez devant une intrigue avec pour seule vue celle du héros amnésique et muet qui doit sauver sa peau, sa femme et le monde. Le fait que le héros ne parle pas renforcerait votre immersion afin de vous faire croire qu'Henry c'est vous. Vous seriez devant un film à la réalisation et à la technique irréprochable qui jouerait habilement avec les moments forts et les autres plus calmes. Vous auriez aussi droit à des scènes très violentes, voir gore, sans oublier des personnages secondaires tous aussi fous les uns que les autres. Peut-être que vous jubileriez devant tous les clins d'oeil aux jeux vidéo et aux FPS en particulier. Oui c'est ça, vous seriez un vrai gosse devant cette débauche d'action et de sang en vue subjective. Vous vous demanderiez quand même si Henry n'est pas juste une caméra Gopro sur jambes bioniques avec pour seul but de courir et de tirer de partout faute à un scénario prétexte.

 

Pratique

Pratique

Hardcore Henry c'est quoi alors ? Une démo technique ? Une révolution cinématographique ? Un trip de gamer pour gamers ? Un hommage aux FPS pour la génération actuelle ? Peut-être tout ça en même temps mais ce dont je suis certain c'est que je me suis éclaté comme un dingue devant ce film et, forcément, je le recommande rien que pour le fun qu'il procure. Une histoire basique (nulle) au possible, des scènes d'actions remarquablement orchestrées, une bande son qui dépote du poney par paquet de douze. C'est pas le film du siècle mais c'est une expérience à vivre au moins une fois.

Born to be wild !!!

Born to be wild !!!

Je suis 100% hétéro, compris ?

Je suis 100% hétéro, compris ?

Je suis le méchant avec un plan de ouf pour dominer le monde (patati patata).

Je suis le méchant avec un plan de ouf pour dominer le monde (patati patata).

Ilya Naishuller, du groupe Biting Elbows, est aussi responsable du clip qui va suivre et qui a inspiré Hardcore Henry. Timur Bekmambetov (Wanted) a en effet convaincu Ilya de réaliser Hardcore Henry après avoir vu le clip.

Bien joué la miniature..Bien joué...

J'aimerais finir sur une définition succinte. La cinétose, c'est quoi ? En gros c'est le mal des transports, de mer, etc. C'est quand votre système visuel n'est plus accordé avec votre système vestibulaire (l'oreille interne). Dans le jeu vidéo on parle de maladie du mouvement (motion sickness). Exemple: vous jouez à un FPS tranquillement devant votre écran d'ordinateur ou de télévision. Vos yeux voient et analysent ce qui se passe sur l'écran quand tout à coup vous avez quelques nausées et autres vertiges.

Pourquoi donc ? Et bien c'est simple. Vos yeux voient un monde virtuel qui bouge alors que vous êtes dans un monde réel qui, lui, ne bouge pas (ou alors...). L'oreille interne, qui gère tout ce qui est vertiges, ne sait plus où donner de la tête et c'est, possiblement, une belle galette au sol. Voila, vous n'avez plus qu'à, possiblement, nettoyer votre tapis, cirer vos pantoufles et aller prendre l'air.

C'est ce qui pourrait vous arriver en regardant Hardcore Henry. Du moins durant les premières 15 minutes...

 

 

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